mardi 31 mars 2020

C’était il y a presque 30 ans….



Brigitte,dernier jour de mars 2020

Alors que nous commençons notre 3ème semaine de confinement pour vaincre le Corona virus, je me suis rappelée un épisode de ma vie durant lequel j’avais éprouvé des sentiments ressemblant à ceux que je vis aujourd’hui, notamment la grande frustration de ne pouvoir aider agir autrement qu’en demeurant cloîtrée...






C’était il y a presque 30 ans….

Cyclone Gilbert sept 1988




L'ouragan Gilbert est un cyclone tropical de catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson formé dans l'Atlantique du 8 septembre au 19 septembre 1988. Il affecta la Jamaïque, les îles Caïmans, le Mexique (île de Cozumel, péninsule du Yucatán, Tamaulipas, Nuevo León) et les États-Unis (Texas), occasionnant 341 décès et 5,5 milliards de dollars américains de dégâts.

Avec une pression de 888 hPa, la plus basse alors observée dans l'hémisphère nord, il était l'ouragan le plus intense de l'Atlantique avant d'être surpassé par Wilma en 2005.




C'était en septembre 1988, le cyclone Gilbert décimait les États Unis, et tout le sud américain dont le Mexique .




Guy mon compagnon avait été embauché comme médecin hyperbare auprès du club Méditerranée et, je me réjouissais de ce qui se présentait comme 1 mois de vacances idylliques à Cancun.














Cependant, une semaine après notre arrivée, le vent se mit à souffler de plus en plus fort, les nuages obscursissaient le ciel d'azur, les cours de tennis et de plongée n'avaient plus lieu par sécurité, seuls demeuraient ceux de fitness en salle.




Nous étions 300 vacanciers et personnels du club.




2 couples étaient partis précipitamment avant l'annonce d'évacuation de la petite ville côtière, anticipant le rapatriement qui plus tard tarderait à se mettre en place…

Au signal des autorités américaines, des bus vinrent chercher d'abord tous les clients du club, le personnel dont Guy faisait partie restant jusqu'à la fin pour prioriser les vacanciers inquiets.

Dans la capitale, Mexico, plusieurs hôtels avaient mis à notre disposition leur immense hall.

Nous y étions entassés, assis ou allongés sur la moquette moelleuse dont le sol était couvert….pour peu de temps...car au plus fort de l'ouragan, afin d'éviter que les portes vitrées de hall ne volent en éclats au risque de blesser, la moquette fut décollée par des bras musclés afin de faire rempart devant l'entrée... c'était la nuit, il régnait une atmosphère de cataclysme…. cependant je me sentais sécurisée, des leaders dont Guy faisaient partie avaient pris les choses en main.

Une organisation fût mise en place, un service de nettoyage, pas question de se laisser aller...la chaleur étouffante, la promiscuité eurent cependant raison de notre immunité.

Après 3 jours de confinement serré, l'épidémie de conjonctivite du Yucatan se développa à grande échelle, la plupart d'entre nous avaient les yeux rouges et infectés…

Guy et d'autres hommes commençaient à sortir pour évaluer les possibilités de circuler au dehors sans danger.

Ils rapportaient médicaments et vivres récupérés au Club de Cancun, ils avaient pris des photos montrant les désastres, route au béton soulevé, piscine remplie de sable…






Je n’'en pouvais plus de demeurer ainsi confinée, j’étais frustrée de ne pouvoir agir et surtout je ne supportais plus l’air étouffant et la promiscuité..

Une nuit je sortis dans les jardins de l'hôtel, tellement heureuse de respirer l'air tiède.. j'avais envie de dormir sous les étoiles qui brillaient insolemment, ignorant le désastre provoqué par l'ouragan….. hélas il me fallut rentrer vite , j'étais sans cesse importunée, pas moyen de profiter de cet espace de Nature.

Peu à peu les rapatriements s'organisaient, je voyais le hall d'hôtel se vider, j'avais hâte de partir moi aussi, mais les encadrants devaient s'assurer que tous les vacanciers étaient en route vers leur pays d'origine avant de pouvoir partir aussi...il y eut encore 2 jours passés dans ce hall d'hôtel, nos repas étaient invariablement composés de pain de mie et de pâte d'arachide, les américains y ajoutaient de la confiture...au moins avions-nous de quoi manger !

Mon amie russe Marina ne me quittait pas, j'aurais aimé moi aussi être active faire partie du commando de sortie, alors toutes les 2 nous avons commencé à nous aventurer dans les rues proches..surprises de réaliser l’émergence économique : .des tee-shirts "I've survived Gilbert's hurricane" étaient déjà en vente, incroyable l'esprit pratique et d'entreprise des autochtones, habitués aux caprices de la Nature….

Nous avons eu le droit au 4è jour, d’accompagner l’expédition sur les lieux du Club...lequel était ravagé, je me suis jetée dans les vagues tant l’eau me manquait, on m’ordonna de revenir manu militari, des serpents de mer avaient été repérés, le danger régnait….





















Enfin au 6ème jour, Guy et moi avons pu embarquer pour retourner en France… jamais la nourriture à bord ne m'avait semblée si bonne….dans l'avion les repas servis me parurent délicats, délicieux et variés.

Nos proches seraient enfin rassurés et heureux de nous revoir sains et saufs, à l’époque les moyens technologiques étaient limités et les nouvelles s’acheminaient par télégrammes et téléphone fixe !

Rentrés chez nous, nous avons dormi, dormi…un très long temps, .ah ... dans un vrai lit, quel luxe, quel confort... et, lorsque nous nous sommes réveillés, nous regardant l'un et l'autre nous nous sommes mis à rire!

Epargnés jusqu'alors par l'épidémie de conjonctivite du Yucatan, cette fois ci nos yeux rouges et collés trahissaient la contamination de dernier instant….


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire